mardi 19 février 2013

Où sont les curateurs ?



Je m'aperçois en fait que, dans une certaine mesure, j'aime qu'on me dise quoi faire. Enfin, plutôt quoi lire et sous quel angle envisager cette lecture. C'est tellement plus reposant que d'avoir à se débattre dans des immensités inconnues quand, comme moi, on manque définitivement de repères auxquels se raccrocher et grâce auxquels s'orienter dans les dédales de la production culturelle. Alors je dévore petit à petit les bibliographies des cours vidéos que me dispense YouTube. Et je viens de découvrir un petit Tumblr qui démarre bien, Culture Coach, qui propose chaque semaine un livre, un film et un album musical, suggérés par trois curateurs afin de combler les lacunes culturelles de la tenante du blog. Parmi ces curateurs, Neil Gaiman... Qui ne voudrait pas des conseils de Neil Gaiman ? Autant vous dire que je suis déjà accro.

Mais, comme me le faisait remarquer l'une de mes collègues, c'est bien entendu une initiative très anglo, voire américano-centrée. Quel dommage que notre exception culturelle franco-française ne fasse pas l'objet de recommandations similaires... Vous voyez où je veux en venir ?
J'aimerais beaucoup lancer une petite rubrique de suggestions de choses à lire, à écouter, à regarder, que nous pourrions suivre ensemble. Je suis sûre que notre petite communauté de bibliothécaires est idéale pour ce genre d'initiatives : ne sommes-nous pas, avant tout, des professionnels de la curiosité, des candidats de la culture générale, des curateurs institutionnels ?

Voici les règles du jeu : à chaque édition, un nouveau curateur propose un document sonore, un document audiovisuel et une monographie. De préférence, ces documents seront des oeuvres françaises ou européennes, éventuellement d'ailleurs. Ce peuvent être des classiques, des nouveautés, des découvertes... Des choses qu'on pourrait mentionner en oral de culture Gé, ou simplement des choses pour se faire plaisir. Elle ou il nous explique pourquoi nous devrions les lire, les regarder, les écouter, pourquoi elle ou il les a aimé et a eu envie de nous les faire partager.
Ces règles, bien sûr, ne sont pas à prendre au pied de la lettre : le seul mot d'ordre, c'est la curiosité et l'envie de partager. La périodicité et la durée de l'expérience seront à définir en fonction du nombre de propositions que je recevrais...

J'ai une confiance (naïve) (aveugle) (totale) (rayez la mention inutile) dans vos capacités de conseils : dîtes-moi que consommer, j'irais les yeux fermés dévaliser les médiathèques parisiennes... Et j'espère que vous me suivrez dans l'aventure pour que nous puissions échanger nos impressions !

Alors ? Est-ce que ça vous tente ?

Voulez-vous nous faire partager vos découvertes culturelles ? Contactez-moi !
Vous avez envie de d'enrichir vos pratiques culturelles avec moi ? Suivez le mot-croisillon #CultureBib sur Twitter. Et restez dans le coin : notre première liste (je l'espère) devrait arriver très bientôt...


Licence Creative CommonsPhoto : prise par moi-même en janvier 2013.
Ce texte et cette photo sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage à l'Identique 2.0 Générique.

mercredi 13 février 2013

Les mutations impalpables



Je n'ai pas compris lorsqu'on est venu m'annoncer que la liste était parue. J'étais en train de travailler sur une liste d'acquisitions et j'ai été prise au dépourvue. "Quoi ? Non. Quelle liste ?"
La liste des postes pour les mutations de cette année. "Elle ne devait pas paraître demain ?"
Vite, vite, je suis allée y jeter un oeil avide. Ça faisait plusieurs jours que le lien vers Poppée était dans ma barre de favoris. Deux postes à Lyon. Un à Saint-Étienne. Rien chez moi. Trop loin. J'ai relu la liste d'un regard un peu vide. "Ah. Et bien tanpis." Et la conversation a tout de suite enchaîné sur les postes susceptibles d'être vacants et sur la marche à suivre.

Mais je n'y étais pas vraiment. Je suis restée un peu spectatrice, incapable de ressentir quoi que ce soit face à ce qui avait plutôt l'allure d'une mauvaise nouvelle. Ça fait si longtemps que je ne me projette plus dans l'avenir... que les contours de la chose en sont devenus flous. Ce qui ne m'empêche pas d'agir en direction de ce qui avait été prédéfini. Par exemple, nous nous sommes pacsés fin janvier, histoire de mettre toutes les chances de notre côté si mutation il y avait. Et mon vide intérieur ne m'a pas empêchée pas de remettre mon CV au goût du jour pour l'envoyer aux SCD grenoblois.
J'imagine avec plaisir un futur en famille, un retour vers les Alpes. Mais, par peur de nouvelles déceptions, je ne le vois plus que comme une rêverie, non pas comme une chose à portée de main. Alors, somnambule, je marche à l'aveuglette. Tout semble si irréel. Je me raccroche aux branches du quotidien, les seules un peu palpables dans cet univers de coton. Et je ne m'en retrouve pas plus mal.
Et puis, j'ai l'impression que ce n'est pas fini. Comment cela pourrait-il l'être ? Je ne me suis pas encore battue ! Rien n'est vraiment arrivé encore. Rien qu'une liste d'établissements perdue dans l'immensité du Web. Dont j'ai du mal à saisir la signification.

La journée de concours de mercredi dernier m'a elle aussi prise par surprise. J'ai été étonnée en croisant des commentaires sur Twitter. Je me suis si bien retirée de ce monde-là que je n'avais pas la moindre idée que l'échéance était déjà à son terme. J'ai eu le même sentiment d'anticlimax. Ah. C'était déjà là ? Les sujets ne m'ont fait ni chaud ni froid. Je suis contente que cette partie de ma vie soit achevée, en fait. Même si elle doit reprendre plus tard. Pour l'instant, elle ne me manque pas. J'ai petit à petit appris à remplir ma tête et mes soirées d'autres buts et d'autres envies. Je ne me suis pas départie de mon besoin d'apprendre mais j'ai fini par trouver comment le canaliser autrement. Et j'ai retrouvé du plaisir à créer. J'ai reconstruit mes mondes intérieurs. Et, quelque soit la ville autour de moi, ils ne me quittent pas.


Licence Creative CommonsPhoto : prise par moi-même à Grenoble en janvier 2013.
Ce texte et cette photo sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage à l'Identique 2.0 Générique.