vendredi 29 mars 2013

Evaluer la bibliothèque - Salon du Livre 2013


Encore cette année, j'ai pu assister à quelques conférences données à l'occasion du Salon du Livre 2013. Je vous retranscris ci-dessous celle qui m'a parue la plus intéressante parmi les quelques unes dont j'ai été témoin. Notez bien néanmoins, qu'il s'agit d'une retranscription à partir de mes notes : certains intervenants parlaient assez vite et l'ensemble des communications étaient denses. J'ai donc fait mon possible pour noter le plus de choses possibles, mais les phrases reproduites ci-dessous ne sont pas exactement celles qui ont été prononcées par les intervenants. J'espère néanmoins leur être restée relativement fidèle.

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Evaluer la bibliothèque


Les intervenants :

Valérie Alonzo, adjointe à la direction de la Bibliothèque interuniversitaire Cujas
Pierre-Yves Renard, directeur du Bibliopôle (réseau de lecture du conseil général du Maine et Loire)
Iegor Groudiev, responsable de l’Observatoire de la lecture publique
Animé par Martine Poulain, directrice de la bibliothèque de l’INHA
Valérie Alonzo et Pierre-Yves Renard ont co-dirigé l’écriture du livre Evaluer la bibliothèque, paru en décembre 2012 au Cercle de la Librairie. C'est à l'occasion de cette parution qu'était organisée cette rencontre.

Intervention de Valérie Alonzo :

Aujourd’hui, il y a consensus sur la nécessité de l’évaluation en bibliothèque. On a observé un essor récent lié à l’évolution de l’environnement institutionnel.
Il existe un aspect idéologique. Le fait qu’on aboutisse à des indicateurs chiffrés donne une impression d’objectivité. L’évaluation des politiques publiques se faisait auparavant dans un contexte d’aisance budgétaire et d’un gouvernement socio-démocrate. Elles avaient pour objectif des politiques publiques mieux adaptées, organisées par des organismes centralisés. Aujourd’hui, nous sommes plutôt dans un contexte de restrictions budgétaires et de gouvernement plus conservateur, il s’agit plutôt de justifier et de guider les réductions de budget.
L’essor qu’a connu l’évaluation des bibliothèques s’est fait plutôt dans ce contexte. Mais il ne s’agit pas seulement d’une aide à la prise de décision mais aussi de montrer les capacités de l’Etat à mener des politiques publiques.

D’autre part, le niveau d’intervention a changé. La décentralisation n’est certes plus une nouveauté du coté de la lecture publique. Mais le phénomène a fait une apparition plus récente en bibliothèque universitaire du fait de la LRU. Ses effet ont inclus des démarches de contractualisation, un questionnement des objectifs au niveau local comme national, etc. On fait face à une pluralité d’acteurs : décideurs locaux, usagers, instances d’évaluation et de contrôle. La contractualisation a entraîné une segmentation : les contrats se font sur des objectifs ciblés. En bibliothèque universitaire, on divise les étudiants en catégories (les licences, les élèves en difficultés, etc.). Les bibliothèques doivent se distinguer les unes des autres : elles proposent donc de nouveaux services, répondent à des demandes ciblées qui font donc l’objet d’indicateurs morcelés.

Les travaux à mener se complexifient : alors quels indicateurs pour mesurer le portrait des bibliothèques ? Il faut interroger ses objectifs. Il faut adopter plusieurs points de vue (le citoyen, l’usager, le contribuable) et la réponse à ces demandes ne se fait pas de la même façon. Les incertitudes quant aux missions se traduisent par un travail se recentrant sur la satisfaction des utilisateurs. On va donc faire des mesures de coût et d’impact pour arriver à se comparer dans le temps et avec d’autre (benchmarking).
La comparaison dans le temps se fait depuis un moment via l’utilisation de tableaux de bord. Cela permet d’observer les évolutions et de fixer des objectifs à atteindre.
Le benchmarking pose des questions méthodologiques du fait de l’hétérogénéité des données et des établissements. Il est effectué le plus souvent au niveau national car il est plus facile de savoir ce que l’on compare. La collecte au niveau national de ce type de données est connue et l’on dispose d’un réservoir de statistiques important et sur le long terme, ce qui est très utile pour dégager des synthèses et chercher des informations à la source de manière fine.
Les comparaisons internationales sont importantes mais plus difficiles. Il s’agit de montrer des tendances, de chercher des pistes d’évolutions.

Dans le cas d’une démarche qualité, on va retrouver la question de l’usager. On y a souvent recours dans le cadre d’une volonté de diagnostique de la fonction d’accueil (sur lesquelles les bibliothèques travaillent de plus en plus). Elle répond à une ambition d’amélioration des services.
La Charte Marianne est beaucoup utilisée dans les collectivités locales. Elle est souvent mise en place par ce biais en bibliothèque. Elle a été déclinée en une boîte à outils : Qualibib. Il s’agit d’une bonne introduction à la démarche qualité, proposant des exemples très concrets sur ce qui peut être mesuré.
La BnF, la BPI et les BU se la sont appropriée. Un accélérateur a été mis en place par la DGME.
Les enquêtes de publics existent depuis très longtemps en BM. Elles sont surtout intéressantes si elles sont mises en place régulièrement. Il faut ensuite communiquer auprès des publics à la fois les résultats de l’enquête et les démarches ensuite mises en place.
En BU, leur utilisation a augmenté avec l’arrivée de LibQual+, enquête américaine transposée en France. Cette enquête insiste beaucoup sur la satisfaction telle qu’elle est perçue par le public, ce qu’il pense.
Les enquêtes se sont développées sous la pression institutionnelle et en réponse à des constats alarmants ou alarmistes sur la baisse de fréquentation des bibliothèques, l’utilisation des documents en ligne.

La recherche est l’expérimentation concernant le coût et l’impact des bibliothèques est une entreprise délicate. Des travaux sont en cours au niveau international pour aboutir à des normes AFNOR / ISO.
Combien coûte un prêt ? Combien coûte un utilisateur ? Pourquoi voudrait-on mesurer ça ? Beaucoup de moyens sont déployés pour mesurer l’impact, mais à quoi cela sert-il ? Il s’agit d’adresser les missions de la bibliothèque. D’un point de vue social, on va étudier l’impact sur les utilisateurs (l’utilisation de la bibliothèque permet-elle un changement de comportement, de connaissances, de compétences ?) mais aussi sur les communautés (en quoi la présence de la bibliothèque est-elle valorisante pour la communauté ?). Des travaux sont en train d’être menés au sein de l’IFLA et notamment sur des retours d’expérience nord-américains.
La valeur de la bibliothèque peut se traduire en valeur monétaire pour des services tels que la formation à la recherche documentaire ou la fourniture de documents.

Il est de plus en plus difficile de dresser le portrait des bibliothèques. Elles sont très dynamiques et ont beaucoup d’atouts. Les bibliothèques possèdent déjà une tradition d’échange sur les pratiques et de retours d’expérience. La question reste posée quant à la sélection des indicateurs : il faut qu’ils permettent de répondre à des politiques ciblées tout en permettant d’obtenir une vision générale des bibliothèques.
La question de la temporalité doit prendre en considération la possibilité de mettre à jour la communication interne et externe de la bibliothèque. Elle peut suivre le rythme de l’année budgétaire ou des mandats des élus dont dépend la bibliothèque.
La définition des indicateurs doit répondre à la question : que cherche-t-on à mesurer ? Sur le sujet, des normes internationales sont en cours de révision.

Intervention de Pierre-Yves Renard :

Le nom « Bibliopôle du conseil général » met en avant le commanditaire, souligne son intervention. On est toujours tiré entre la satisfaction du public et la satisfaction des missions assignées par la puissance publique. C’est sur ces dernières qu’on possède le moins d’éléments.
L’évaluation peut se faire à la fois en interne et entre bibliothèques. Il existe pour cela des outils et des concepts. Mais l’évaluation change-t-elle la bibliothèque et sa façon de fonctionner ? Il s’agit là de l’étape suivante de réflexion.

L’évaluation prend parfois l’aspect d’un affreux spectre managérial. Le livre dont la publication a donné lieu à ce débat a pour objectif de donner aux bibliothécaires les connaissances nécessaires pour savoir comment jouer ce jeu.
En France, il n’existe pas d’exemple d’une structure pilotée principalement par l’évaluation. Les outils et les méthodes viennent surtout de la sphère privée qui a pour objectif la maximisation du profit. L’évaluation est toujours marquée par cette origine, il n’existe pas d’outils complètement adaptés. Dans le contexte actuel de restrictions budgétaires, l’évaluation garde cette orientation.
Il existe un problème de maturité de l’organisation publique. La commune, le département raisonnent-ils aussi sur l’évaluation de manière aussi avancée ? Les responsables ne sont ni recrutés ni sanctionnés vis-à-vis d’objectifs atteints ou non. Il y a des intentions mais pas d’explicitation. Or évaluation dit explicitation : on met des chiffres sur des activités, on voit comment cela fonctionne.
Les établissements n’ont pas toujours d’idées très claires quant à leurs objectifs à atteindre. C’est moins le cas en BU (par exemple : « soutenir la réussite en licence ») mais cela reste assez flou en lecture publique (par exemple : « toucher le plus grand nombre »). On reste donc à la surface des choses, on ne va pas au bout de la logique d’évaluation. La responsabilité de cet état de lieux va aux bibliothèques mais aussi aux élus qui ne sont pas toujours explicites dans leurs demandes.
En contre-exemple, on peut nommer la bibliothèque de Mississauga, au Canada. Elle fait l’objet d’un processus d’efficacité organisationnelle comprenant un management annuel, un plan stratégique sur trois ans avec un dialogue sur les objectifs et les moyens avec la municipalité, un processus d’organisation du workflow. Au final, 50% de la population de la ville est inscrite à la bibliothèque.
Qu’est-ce que mesurer le succès ? C’est se confronter aux intentions des bibliothèques et non à leurs moyens, à leurs voisins ou aux établissements plus riches.
Il n’y a pas de maturité complète du processus d’évaluation dans les bibliothèques française. Dans les démarches d’évaluation, le plus intéressant n’est pas le résultat mais le processus.

Les BDP sont des relais pour l’évaluation car elles touchent un grand nombre de points d’accès au livre. Sur le réseau du Maine et Loire, une démarche a été engagée : la commune doit mettre un certain nombre de moyens pour que le Bibliopôle puisse intervenir. Dans ce dialogue avec les élus, l’évaluation est un levier qui a permis de faire avancer les choses. Le service a augmenté via cette démarche évaluative et non via les résultats de l’évaluation.  L’évaluation peut être un vecteur de succès en bibliothèques en permettant de demander des moyens.

Transition de Martine Poulain :

L’évaluation permet de poser des objectifs et des sous-objectifs situés dans le temps, ce qui n’est pas assez fait en bibliothèque. Mais ces objectifs peuvent aussi s’avérer différents voire contradictoires en fonction des différents types de bibliothèques, même au sein d’un même réseau.

Intervention de Iégor Groudiev :

L’ambition du ministère de la culture est de repenser le dispositif de statistiques concernant les bibliothèques. Cela concerne le pilotage national mais aussi la mise à disposition d’un outil pour se mettre dans une démarche d’évaluation à tout niveau en lecture publique. Certains établissements ont peu de moyens techniques et financiers à y consacrer. Le ministère cherche à répondre à ce type de besoins au travers d’un dispositif pouvant convenir à tous les échelons.
L’outil de collecte est un formulaire comportant plus de 400 items. L’objectif était de créer un espace de saisie convivial ; néanmoins, les données restent complexes à collecter.
Un nouveau site à vu le jour : l’observatoire de la lecture publique. Il propose des outils permettant de connaître l’état national, l’historique des indicateurs et la démarche d’évaluation établissement par établissement.
L’an dernier la synthèse sur le site était très détaillée. D’ici avril,  la synthèse 2011 sera mise en ligne, avec une analyse du point de vue national et quelques extrapolations en valeur absolue. Cette synthèse est très dense et les aspects méthodologiques sont très développés.
Un outil cartographique sera mis à disposition afin de consulter les données sur l’ensemble du territoire français à toutes les échelles. Il sera possible de comparer (notamment pour faire du benchmarking), de voir la structuration des équipements. Il y aura pour chaque commune un rapport statistique détaillé mis en regard de données démographiques et d’éléments spécifiquement bibliothéconomiques.
Si cette synthèse ne se substitue pas à une démarche d’évaluation locale (elle ne prend pas en compte les besoins spécifiques de la tutelle), elle peut néanmoins, en particulier pour les petites structures, permettre de croiser les éléments, d’avoir un retour sur les données remplies pour les statistiques nationales.
Le dispositif est en cours de mise en place. Il fait l’objet d’un partenariat avec les conseils généraux et les BDP : un tiers des départements français sont pour l’instant couverts mais l’on espère atteindre l’exhaustivité pour l’an prochain.

Discussion

Martine Poulain : Avant, l’optique géographique prenait le pas sur les données par établissement.
Iégor Groudiev : Désormais, le rapport circonstancié de l’année en cours et de l’ensemble des années précédentes ayant été saisies par l’établissement sont exportables en PDF.
Pierre-Yves Renard : le rôle des BDP est d’assister les communes les plus petites dans le remplissage des statistiques. L’observatoire de la lecture publique devrait permettre d’obtenir des retours particulièrement intéressants car on manquait de données sur ces toutes petites bibliothèques.
Iégor Groudiev : Le ministère de la culture a pour vocation de traiter les données provenant des bibliothèques qui dépendent de son périmètre historique. Certes, dans certaines communes, le CDI fait office de bibliothèque municipale. Mais la tâche ici est déjà considérable sans prendre en plus en compte ce genre de cas.
Valérie Alonzo : L’apport interne de l’évaluation va se faire lors du travail sur la procédure. Il faut qu’il y ait une transmission du travail effectué, qu’il y ait collaboration. L’évaluation va pouvoir impacter la politique documentaire et le travail sur les collections.

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Les autres conférences que j'ai pu retranscrire sur ce blog :

lundi 25 mars 2013

CultureBib #2 : obscurité et psychédélisme

Vous ai-je déjà dit que j'avais des collègues formidables ? En plus d'être des professionnels compétents et efficaces, ce sont aussi des personnes chaleureuses qui contribuent à créer une ambiance conviviale dans l'équipe. C'est le cas en particulier d'Aurore - magasinière, tricoteuse et musicienne - qui a très gentiment accepté de se prêter à notre petit jeu de curation. Elle nous présente donc une sélection éclectique que je vous laisse découvrir.

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Voici une sélection anglo-franco-polonaise :

- Album : de manière générale, les premiers albums de Pink Floyd de The piper at the gates of dawn jusqu'à Atom heart mother, et plus précisément les titres Julia dream, Careful with that axe Eugene et Summer 68, pour les trompettes et les flûtes psychédéliques entre autres.
                                  
- Film : Le locataire de Roman Polanski (fait partie d'une trilogie avec Répulsion et Rosemary's baby). Un des films les plus marquants que j'ai vus. Étrange, sombre et drôle à la manière de Polanski.

- Livre : La Peste d'Albert Camus. Je ne saurais pas dire pourquoi mais j'ai trouvé ça génial.

Bon ça fait un ensemble un peu sombre, certes, mais c'est une noirceur brillante !


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Qu'en dîtes-vous ? Avez-vous déjà entendu / vu / lu ces classiques ? J'avoue que ce n'est pas mon cas... Mais c'est pour ça qu'on est là ! Alors c'est parti pour la découverte, et on en discute sur le mot-croisillon #CultureBib.
Si vous souhaitez consulter la première édition de CultureBib, c'est là, et pour les règles du jeu, c'est ici. N'hésitez pas à m'envoyer vos propositions de choses à lire / à voir / à écouter : ma boîte mail est grande ouverte !

vendredi 8 mars 2013

Écart salarial



En cette journée internationale du droits des femmes - et pour faire suite à mes billets de l'an dernier - je voulais juste reprendre quelques mots d'un rapport de l'INSEE sur l'écart salarial femmes-hommes (porté à mon attention par le retweet de Christine O.).

Dans la fonction publique, des écarts de revenu salarial plus faibles, mais qui ne diminuent pas…

Dans la fonction publique, les salaires des titulaires (environ 80 % des agents de la fonction publique, hors militaires) sont soumis à des grilles statutaires qui garantissent de moindres écarts de traitement indiciaire entre les agents qui, à ancienneté donnée, occupent le même poste. Au traitement indiciaire s’ajoutent des montants de primes et indemnités variables, incluant notamment les heures supplémentaires. Les femmes occupent près de 65 % des postes dans la fonction publique. L’écart de revenu salarial entre les hommes et les femmes est de 10 points inférieur dans la fonction publique à celui du secteur privé : 18 % contre 28 % en 2010.
Dans la fonction publique d’État (FPE), l’écart de revenu salarial entre les hommes et les femmes est de 18 % en 2010 : 16 % pour les enseignants et 23 % pour les non enseignants. Les femmes perçoivent un salaire horaire inférieur de 15 % à celui des hommes et travaillent 4 % d’heures en moins dans l’année en moyenne dans la FPE.
L’écart de revenu salarial est de 17 % dans la fonction publique territoriale (FPT) et de 21 % dans la fonction publique hospitalière (FPH). Dans la FPH, les écarts s’expliquent presque intégralement par le salaire horaire des femmes qui reste très inférieur à celui des hommes (20 %). Les femmes y sont en effet surreprésentées parmi les catégories B et C (en grande partie des infirmières et aides-soignantes) et sous-représentées parmi les catégories A (en grande partie des médecins). En revanche, dans la FPT, l’écart de revenu salarial s’explique à la fois par un salaire horaire des femmes inférieur de 10 % à celui des hommes et par un nombre d’heures travaillées inférieur de 9 %.
En 2010, les femmes de catégorie A ont, en moyenne, un revenu salarial inférieur de 23 % à celui des hommes. Pour les catégories B, le revenu salarial moyen des femmes est en moyenne inférieur de 14 % à celui des hommes.
Les écarts de revenu salarial se maintiennent : ils n’ont baissé que d’un point au cours des 10 dernières années. En particulier, les femmes sont plus nombreuses parmi les enseignants. Or, le revenu salarial des enseignants est inférieur au revenu salarial moyen perçu par les agents de même catégorie de la fonction publique d’État, du fait d’une plus faible part de primes.
Voici des chiffres fort éloquents. Comme quoi le combat pour les droits des femmes est loin d'être achevé, même dans nos enclaves privilégiées. 


Licence Creative CommonsPhoto : prise par moi-même en novembre 2012 au Highgate Cemetery de Londres.
Ce texte et cette photo sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage à l'Identique 2.0 Générique.

lundi 4 mars 2013

CultureBib #1 : Culture et substances illégales


Bienvenue à notre première édition de CultureBib ! Comme il se doit, notre premier curateur est une curatrice : Miss Georgette, ma collègue de bureau préférée. Ça fait plus d'un an qu'elle est aussi déjà ma curatrice personnelle - mon bureau est enseveli sous ses post-its de suggestions de lectures, de nouvelles séries télé et de bons plans parisiens. C'est grâce à elle que j'ai lu Nord et Sud, World War Z ou que j'ai découvert Mad Men et le Breakfast in America. Elle est toujours de bon conseil et transmet sa culture éclectique au travers de son blog, Fariboles et Miscellanées. Alors, laissons-nous donc conduire par son expertise culturelle et découvrons ensemble notre première liste de choses à lire / à voir / à écouter (et avec un thème en plus !).

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Liste Thématique : Culture et substances illégales

Pour cette première liste, voici un thème qui a demandé de grands efforts de désherbage (1 livre, 1 film, 1 album, c’est le contrat). Donc, pas de (trop) grands classiques, ça n’a pas été facile. Par contre, moûlts pardons : les titres suivants sont anglo-saxons. Non qu’il n’y eut pas de production française sur la question, mais je ne les ai pas forcément aimés (ou tous vus).

- Junk de Melvil Burgess

Oui, Junk est un roman pour adolescents. C’est même l’un des premiers à avoir été édité avec cette étiquette, avant d’être repackagé pour atteindre les adultes. C’est le roman qui m’a fait comprendre l’addiction. A l’époque, j’étais toute jeune, j’avais déjà lu Moi, Christiane F…, mais rien ne me préparait à la noirceur de Junk. Un roman très dur, très réaliste, marquant, et un grand classique du sujet.

On n’en parle pas parce que c’est trop connu : Burroughs (Le festin nu), Kerouac (Sur la route), Aguéev (Roman sous cocaïne).

- The Wire, série de David Simon et Ed. Burns

Et persistons dans ma non-obéissance des règles : oui, c’est une série que je vous conseille. Mais pas n’importe laquelle : The Wire est considérée encore de nos jours comme un chef d’œuvre, et Barack Obama l’a citée comme étant sa série préférée. Si vous faites l’effort de vous accrocher pour les 5 saisons en VO (vous ne voulez rien manquer des différents registres de langage de nos héros, ni la moindre plaisanterie vaseuse, croyez-moi), vous vivrez d’intenses moments de délectation. Scénario captivant, subtilité des situations et personnages Shakespeariens, The Wire raconte la partie d’échecs acharnée entre les dealers de Baltimore et une équipe de policiers entravée par les différentes strates de la corruption qui infeste la ville. A voir, prioritairement à tout autre Dexter, Desperate Housewives et autres, mais faites-la durer : au bout des cinq (magistrales) saisons, c’est fini.

On n’en parle pas parce que c’est trop connu : Requiem for a dream, Trainspotting, Las Vegas Parano.

- Chrystal Anis des Liminanas et la chanson « Je ne suis pas très drogue »

Ah, les années 60, la drogue, la musique et leurs liens si étroits ! Keith Richards qui va se faire changer le sang dans une clinique suisse, Jim Morisson et ses outrages aux bonnes mœurs, la pochette de l’album du Velvet Underground collée au LSD… Pas de légende ici, mais un excellent groupe, français qui plus est, aux influences psychédéliques assumées, « presque » vintage : l’album date de 2012. A savourer vite, car les deux Niçois à l’œuvre ont gagné l’admiration des critiques américains, l’oreille de nombreuses radios, et les éditions vinyles, très raccord avec leur musique, sont prises d’assaut.

On n’en parle pas parce que c’est trop connu : tous les groupes sus-nommés, bien sûr.

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Alors ? Avez-vous déjà lu / vu / écouté ces suggestions ? Si ce n'est pas le cas, je vous propose de faire comme moi et de vous ruer vers votre médiathèque préférée... Je vous dirais ce que j'ai pensé de tout ça sur Twitter et je serais ravie si vous pouviez me donner vos impressions sur le mot-croisillon #CultureBib !
Enfin, je serais vraiment, vraiment, vraiment très heureuse de recevoir vos propres propositions de choses à lire / à voir / à écouter. Promis : c'est sans douleur. Il suffit de m'envoyer un message à cette adresse. Vous pouvez consulter ici les règles du jeu, mais comme vous avez pu le remarquer dès cette première édition, ce sont plus des suggestions que de véritables règles ! Et si Miss Georgette a choisi de donner un thème à ses propositions, ça n'a rien d'obligatoire. La seule chose qui compte, c'est l'envie de partager. Alors n'hésitez pas !

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Edité le 8/03/2013 : vous pouvez écouter "Je ne suis pas très drogue" ici.