mardi 25 juin 2013

Une question de vocabulaire



Comment traduiriez-vous magasinier ? Politique documentaire ? Notice d'autorité ?
Quand j'ai essayé de traduire mon CV en anglais pour la première fois, je me suis retrouvée comme deux ronds de flanc. Je ne pense pas être trop mauvaise lorsqu'il s'agit d'écrire en anglais, mais l'expérience m'a fait prendre conscience de l'énorme pan de vocabulaire professionnel qui me manquait. J'ai donc cherché sur Internet des ressources qui me permettraient de pallier ce manque et voici celles que j'ai trouvées.


* La ressource de loin la plus intéresse est ce Glossaire multilingue pour bibliothécaires de section Art trouvé dans les archives du site de l'IFLA. Bien qu'il contienne beaucoup de vocabulaire directement lié à l'art, il propose aussi de bonnes définitions et traductions de nombreux mots bibliothéconomiques plus généraux en français mais aussi en allemand, espagnol, italien, hollandais et suédois ! C'est vraiment une ressource très précieuse et indispensable.

* Ce glossaire en français avec traduction de termes en anglais proposé par l'université de Genève se penche plus précisément sur les termes liés à la recherche documentaire. Il est moins complet que le glossaire de l'IFLA mais il est plus lisible et les définitions proposées en français sont tout à fait claires.

* Ce lexique bibliothéconomique de la BPI propose la traduction de 1500 mots du français vers l'anglais, l'espagnol, le catalan et le tchèque. Le fichier est assez lourd, ce qui ralentit sa consultation, et j'émettrais quelques doutes quand à la traduction de certains mots. Mais il est facile d'y faire des recherches et cela reste une ressource utile.

* Enfin, quand je bute sur certaines expressions d'ordre plus général, j'aime à utiliser Linguee. Son moteur de recherche compare des millions de textes bilingues comme des documents officiels de l'Union Européenne ou des brevets. J'apprécie vraiment qu'il nous permette de voir les mots traduits dans leur contexte dans les deux langues. Mais il peut être mis en défaut si l'on cherche des mots professionnels trop précis.


Enfin, ce qui m'a vraiment aidée à mettre tout ce nouveau vocabulaire en pratique a été de lire et d'interagir avec des professionnels britanniques. Je lis leur équivalent du BBF (Cilip Update) les yeux grands ouverts, ce qui m'a permis de graver définitivement certaines expressions dans mon esprit (la fracture numérique ? C'est leur "digital divide"). J'ai aussi un énorme dossier de fils RSS pointant vers des biblioblogueurs britanniques que j'ai trouvés deci-delà (et qui pourront très certainement faire l'objet d'un prochain billet). Je les suis systématiquement sur Twitter et c'est un réel plaisir que de communiquer avec eux et d'observer à distance leurs échanges quotidiens.

Grâce à toutes ces ressources, j'ai vraiment l'impression d'avoir amélioré mon anglais professionnel. Mais il y a encore de nombreux mots sur lesquels j'ai des doutes. Peut-être auriez-vous des idées ? Je pense en particulier à la "veille", à "l'équipement" des documents ou à leur "exemplarisation" dont les traduction m'échappent.

Si vous avez des propositions de traductions, ou si vous souhaitez partager vos ressources favorites de vocabulaire bibliothéconomique, n'hésitez pas à les laisser en commentaire !


Licence Creative CommonsPhoto : prise par moi-même en avril 2013 à Paris.
Ce texte et cette photo sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage à l'Identique 2.0 Générique.

jeudi 6 juin 2013

Connaissez-vous le CILIP ?

EDIT: English-speaking readers stumbling on this blog? Here are my views on CILIP and its re-branding in English.

Le CILIP, un équivalent anglais de l'ABF ?

L'une des choses qui m'a le plus frappée quand j'ai commencé à explorer le monde des bibliothèques britanniques, c'est le pouvoir très important de cette association tentaculaire qu'est le CILIP. En gros, il s'agit de l'ABF local. Enfin presque.

"CILIP" signifie "Chartered Institute of Library and Information Professionals" (institut certifié des bibliothèques et professionnels de l'information). Il a pour sous-titre "the leading professional body for librarians, information specialists and knowledge managers" (le corps professionnel principal des bibliothécaires, spécialistes de l'information et knowledge managers).

Le mot "Chartered" mérite qu'on s'y arrête un instant. Cette "certification" est une particularité des pays du Commonwealth. Il s'agit d'un statut officiel attribué par le monarque via un document formel, le "royal charter". Le statut de "chartered" donne à l'institution prestige et crédibilité. Ces institutions peuvent ensuite attribuer un statut de "chartered professional" à certains de leurs membres en reconnaissance de leur niveau de connaissance dans un domaine professionnel particulier.

C'est le cas du CILIP, qui décerne différents niveaux de certificat : "Certification" pour les assistants bibliothécaires, "Chartership" pour les bibliothécaires, "Fellowship" pour les membres "Chartered" de haut niveau et "Revalidation" pour les membres démontrant la continuité de leur développement professionnel. Ces certificats semblent vraiment une étape importante dans la vie professionnelle des bibliothécaires anglais, comme en témoigne notamment les nombreuses petites annonces précisant que le poste publié est réservé aux "Chartered librarians".

Le CILIP s'occupe aussi de gérer une base de petites annonces  incontournable pour qui cherche à travailler dans le secteur, propose un programme d'échange international, publie un journal professionnel, gère sa propre maison d'édition, et anime un groupe parlementaire. Cette liste est loin d'être exhaustive : les activités du CILIP sont très diverses et ses membres extrêmement actifs et passionnés. Ce que j'ai pu découvrir en tombant tête la première sur le grand débat en cours dans l'association...

Le rebranding-gate

Récemment, le CILIP s'est largement remis en question et a dû se réorganiser entièrement afin de rééquilibrer son budget. Ça a été pour l'association l'occasion d'un examen de conscience et d'interroger ses membres sur les orientations qu'ils souhaitaient voir prendre au CILIP. Dans un contexte de coupes budgétaires et de fermetures de bibliothèque, l'un des mots qui est revenu était "advocacy". Le CILIP se doit de se faire la voix et de défendre les intérêts des professionnels de l'information et des bibliothèques.

Or, l'un des problèmes qui s'est fait jour concerne l'identité du CILIP. Vous ne connaissiez pas cet acronyme ? Et bien la plupart des citoyens britanniques non plus. En 120 années d'existence, le nom de cette association a changé à plusieurs reprises et il semble que ce dernier choix n'ait pas été des plus heureux. Le déroulé du nom est incroyablement long ("Chartered Institute of Library and Information Professionals"), et semble être devenu un véritable obstacle dans des temps où une communication claire se fait de plus en plus pressante.

Les instances dirigeantes ont donc décidé de lancer un grand chantier de "rebranding" pour modifier le nom, le logo et les visuels de l'association. Par un mail daté du 24 mai, le CILIP invitait ses membres à participer à un sondage afin d'exprimer leur avis. Et ce fut un tollé.

Le principal objet du délit : les cinq nouveaux noms proposés au vote.


Un déluge de réactions s'en est suivi, en particulier sur les réseaux sociaux. Un très grand nombre de membres étaient choqués de ne retrouver les mots "library" ou "librarian" nulle part dans les propositions. Enfin pas tous. Certains se sont trouvés heurtés qu'aucune proposition ne contienne le statut "Chartered" dont nous parlions plus haut. D'autres auraient simplement voulu proposer leur propre acronyme. Une membre a soulevé que, globalement, les questions étaient assez orientées, demandant surtout d'acter ce que le CILIP voudrait être sans vraiment s'interroger sur ce qu'il est en réalité.


Le président du CILIP s'est lui-même exprimé face au tumulte, rappelant qu'il ne s'agit que d'un sondage et non d'un vote, expliquant qu'il n'avait pas été consulté quant à son contenu et soulignant que la décision finale serait prise par les membres au travers d'un vote en septembre prochain. Il réitère aussi dans cet article l'importance pour le CILIP de pouvoir se faire entendre clairement et d'être facilement identifiable dans les débats publics.

Ce n'est pas l'avis de Tom Roper. Surfant sur le mécontentement global soulevé par le sondage, celui-ci s'est lancé dans une croisade agressive contre cet exercice de rebranding qu'il juge être une perte de temps et de ressources, requérant par pétition une assemblée générale exceptionnelle afin de mettre la question aux voix. Il a rapidement pu rassembler les 100 signatures nécessaires et l'assemblée en question se tiendra le vendredi 28 juin prochain.

Entre temps, le CILIP a proposé à ses membres, par un e-mail daté du 5 juin, un nouveau sondage, leur demandant cette fois de suggérer des idées de nom.

A suivre donc.


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