Ce soir, en rentrant du travail, j'ai trouvé ma convocation au concours de bibliothécaire. Je l'ai ouverte à demi amusée et je l'ai à peine lue avant de la reposer et de m'éloigner. Puis j'ai fait demi-tour. J'ai repensé à toutes ces précédentes convocations sur ce même papier saumon, parfois vert, à la boule que j'avais au ventre en éventrant chaque enveloppe du ministère, aux quelques secondes d'angoisse avant d'aller regarder sur Google Maps l'emplacement exact du bâtiment, repérer les parkings à proximité ou les arrêts de transport en commun, de calculer le temps qu'il faudrait en ajoutant une heure de marge pour faire bonne mesure et parer aux mauvaises surprises. Alors j'ai cherché des yeux l'adresse, en haut de la lettre. Tiens, Arcueil, je ne sais même pas où c'est. Et puis j'ai haussé les épaules. Mais je n'ai pas encore osé jeter ce petit sésame à la poubelle.
Mes collègues révisent dur, de séminaires en exercices de catalogages, toujours un bouquin à portée de main pour réviser encore un peu entre deux lecteurs à la banque de prêt ou pour le dégainer dès qu'ils auront pu s'adosser contre une porte de métro, malgré la pression de la foule et l'inconfort de la position. Je les regarde de loin, un peu ahurie, comme mal réveillée, tout à fait étonnée de ne pas faire comme eux, un peu fière de moi de n'avoir pas replongé dans mes habitudes de fichage compulsif, un peu déçue aussi de ne pas participer à cette grande expérience collégiale. Pour la première fois, j'aurais pu avoir des collègues avec qui échanger des notes et des références bibliographiques, avec qui faire le planton devant la porte d'examen et échanger des parts de goûter entre deux épreuves, et pour la première fois depuis des années, depuis des lustres me semble-t-il dans la brume de mes pensées, je n'irais pas. C'est dommage non ?
Mais ma décision est prise, c'est sûr : dès que j'aurais fini d'écrire ce billet, j'irais jeter ma convocation. Ou du moins, la cacher dans le fond d'un tiroir...
Photo : prise par moi-même en décembre 2011, en Haute-Savoie.
Cette photo est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage à l'Identique 2.0 Générique.
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