... ils nous mangeront tout crus ! (États d'âme d'une bibliothécaire française à Londres)
mercredi 13 février 2013
Les mutations impalpables
Je n'ai pas compris lorsqu'on est venu m'annoncer que la liste était parue. J'étais en train de travailler sur une liste d'acquisitions et j'ai été prise au dépourvue. "Quoi ? Non. Quelle liste ?"
La liste des postes pour les mutations de cette année. "Elle ne devait pas paraître demain ?"
Vite, vite, je suis allée y jeter un oeil avide. Ça faisait plusieurs jours que le lien vers Poppée était dans ma barre de favoris. Deux postes à Lyon. Un à Saint-Étienne. Rien chez moi. Trop loin. J'ai relu la liste d'un regard un peu vide. "Ah. Et bien tanpis." Et la conversation a tout de suite enchaîné sur les postes susceptibles d'être vacants et sur la marche à suivre.
Mais je n'y étais pas vraiment. Je suis restée un peu spectatrice, incapable de ressentir quoi que ce soit face à ce qui avait plutôt l'allure d'une mauvaise nouvelle. Ça fait si longtemps que je ne me projette plus dans l'avenir... que les contours de la chose en sont devenus flous. Ce qui ne m'empêche pas d'agir en direction de ce qui avait été prédéfini. Par exemple, nous nous sommes pacsés fin janvier, histoire de mettre toutes les chances de notre côté si mutation il y avait. Et mon vide intérieur ne m'a pas empêchée pas de remettre mon CV au goût du jour pour l'envoyer aux SCD grenoblois.
J'imagine avec plaisir un futur en famille, un retour vers les Alpes. Mais, par peur de nouvelles déceptions, je ne le vois plus que comme une rêverie, non pas comme une chose à portée de main. Alors, somnambule, je marche à l'aveuglette. Tout semble si irréel. Je me raccroche aux branches du quotidien, les seules un peu palpables dans cet univers de coton. Et je ne m'en retrouve pas plus mal.
Et puis, j'ai l'impression que ce n'est pas fini. Comment cela pourrait-il l'être ? Je ne me suis pas encore battue ! Rien n'est vraiment arrivé encore. Rien qu'une liste d'établissements perdue dans l'immensité du Web. Dont j'ai du mal à saisir la signification.
La journée de concours de mercredi dernier m'a elle aussi prise par surprise. J'ai été étonnée en croisant des commentaires sur Twitter. Je me suis si bien retirée de ce monde-là que je n'avais pas la moindre idée que l'échéance était déjà à son terme. J'ai eu le même sentiment d'anticlimax. Ah. C'était déjà là ? Les sujets ne m'ont fait ni chaud ni froid. Je suis contente que cette partie de ma vie soit achevée, en fait. Même si elle doit reprendre plus tard. Pour l'instant, elle ne me manque pas. J'ai petit à petit appris à remplir ma tête et mes soirées d'autres buts et d'autres envies. Je ne me suis pas départie de mon besoin d'apprendre mais j'ai fini par trouver comment le canaliser autrement. Et j'ai retrouvé du plaisir à créer. J'ai reconstruit mes mondes intérieurs. Et, quelque soit la ville autour de moi, ils ne me quittent pas.
Photo : prise par moi-même à Grenoble en janvier 2013.
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